En cas de malheur: la rencontre Bardot-Gabin
« En cas de malheur » : la rencontre Bardot-Gabin !
article publié sur leparisien
le 26/08/2002
CE FILM DE CLAUDE AUTANT-LARA, inspiré d'un roman de Georges Simenon, fit sensation, à sa sortie en 1957, parce qu'il marquait la rencontre de Brigitte Bardot, alors au faîte de la gloire, avec Jean Gabin. Pour la première fois, BB abordait un rôle dramatique après que Vadim l'eut révélée avec « Dieu créa la femme » et que Boisrond en eut fait une piquante « Parisienne ». Chacun, alors, se demandait comment elle se comporterait face à un partenaire aussi solide et écrasant que Gabin, promu de surcroît, ici, maître du barreau. Eh bien, Bardot sortit avec les honneurs de cette redoutable confrontation et les critiques les plus sévères lui reconnurent un beau tempérament de comédienne ! Il est vrai qu'elle campait un personnage de petit animal sensuel à l'innocence perverse bien dans ses cordes. Mouillée dans une sombre affaire de hold-up, elle échappait à la prison grâce à la maîtrise d'un avocat quinquagénaire dont elle devenait la maîtresse. Cet avocat, c'était, bien entendu, Gabin qui, lui aussi, abordait un rôle auquel il ne nous avait pas habitués. Si l'on ajoute que ce ténor des assises était marié à la grande Edwige Feuillère, on imagine bien que sa situation n'allait pas être confortable. Et tel était, en effet, le propos de Claude Autant-Lara qui, à travers cette tragédie, entendait s'attaquer à l'hypocrisie de la société bourgeoise et à ses conventions. Mission remplie dans ce film très maîtrisé et bien joué. Tout au plus fera-t-on des réserves sur la prestation de Franco Interlenghi qui, dans le rôle de l'amant de coeur de BB, fait oublier qu'il fut un convaincant « Vitelloni ».