Nue au soleil
Manina la fille sans voile
Sur le tournage
Nue au soleil ... sur une plage abandonnée !
Brigitte en 1952, plage de Pampelune, Saint Tropez
> article paru dans Paris-Presse, 26 février 1953. Cité par Raymond Boyer dans "Brigitte Bardot", Editions Vade Retro, page 22.
La jeune actrice Brigitte Bardot demande cet après-midi à la Chambre des Référés de protéger son honorabilité. Il y a deux ans, Brigitte Bardot tournait, sous la direction du metteur en scène Willy Rozier, le film "Manina, la fille sans voile". Comme à l'époque, elle avait moins de 18 ans, son père gros industriel parisien spécialisé dans la fabrication des bouteilles à air comprimé, demande que fût stipulé dans le contrat que rien dans le film ne choquerait la décence. Les producteurs s'y engagèrent. "Jamais, affirmèrent-ils, Brigitte ne paraîtra autrement qu'en maillot de bain. Mais, au cours des séances de tournage, il parut dans la presse une série de photos qui, selon M. Bardot père, laisaient présager le pire. Ces photos étaient, constatait-il, extrêmement suggestives. Une première ordonnance de référé en novembre 1952 signifia à un mandataire de justice de voir le film. Les conclusions de cet huissier affirmèrent que le film était parfaitement décent et pouvait paraître sur les écrans sans que l'honorabilité de Brigitte Bardot pût en porter ombrage. Le film sortit il y a quelques mois au Maroc, et notamment à Casablanca, mais les services de publicité du film l'annoncèrent par une affiche représentant une jeune fille complètement nue, sous laquelle était écrit en lettres énormes le nom de Brigitte Bardot. A l'époque, un prêtre de Casablanca, le révérend père Lagarde ameuta la population et, au cours d'un meeting, déchira publiquement une des affiches. Afin que pareil incident ne se renouvelle pas lorsque le film sortira dans quelques semaines à Paris, M. Bardot père demande cet après-midi à la Chambre des Référés d'interdire l'apposition de ces affiches. Les avocats de Brigitte Bardot, Me André Blumel et Me Jouffa, affirmeront pour la jeune vedette que la reproduction de cette affiche sur les murs de Paris serait une infraction au décret-loi de juillet 1939 sur "la protection de la famille et de la natalité française". Ils ajouteront qu'apposer cette affiche à des fins publicitaires est une véritable escroquerie, vis-à-vis du public, car dans le film Manina (Brigitte Bardot) n'est sans voile que moralement."
> extrait de Dominique Choulant
"Tourné durant l'été 1952 à Tanger, Cannes, Calvi et Bonifacio, ce film révèle la plastique de Brigitte, qui n'a déjà presque plus de secret pour personne. A la grande colère de son père qui avait, néanmoins, donné son autorisation parentale. Brigitte étant mineure et non mariée à l'époque du tournage. A sa demande donc, un huissier a visionné le film, puis l'a déclaré "décent" à l'exploitation. N'empêche, Monsieur Bardot père aura gain de cause pour qu'on n'exploite pas en France les affiches publicitaires destinées au Maroc (lacérées) montrant une Manina non pas en bikini, mais comme l'indique le titre du film "sans voiles"... sur une plage. Premier scandale : les foudres de l'Eglise catholique s'abattent pour la première fois sur Brigitte Bardot. [...] Et la critique qualifie Brigitte de "pin-up et sirène irréprochable" (Cinémonde, 3 avril 1953.)"
>> source: participation de Riri pour l'article contextualisant les photos