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BRIGITTE BARDOT

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Bienvenue sur ce blog consacré à Brigitte Bardot

15 mai 2010

Où est passé le Cannes des années Bardot ?

Où est passé le Cannes des années Bardot ?   

article publié sur lefigaro.fr
le 7 mai 2010

bbcannes
Sur la plage abandonnée, personnages et gens dorés… En 53, Kirk Douglas
 

Qu'il semble loin, le temps où les stars, en bras de chemise ou en robe d'été, déambulaient sur la Croisette, sans lunettes noires ni gardes du corps ! Souvenirs, souvenirs...

Arcs, flèches, cottes de mailles et huile bouillante : le 12 mai, le Festival de Cannes ouvrira sa 63e édition sur la selle de Robin des bois, dont Ridley Scott a choisi de montrer les années d'avant la légende. Nul ne sait l'accueil que feront les 2246 spectateurs du grand auditorium à cette plongée dans les jeunes années du prince des pauvres gens, mais un tel retour en arrière ne déplairait à aucun des fidèles d'un Festival qu'ils ne reconnaissent plus vraiment. Cachée derrière des barrières, dotée d'un service d'ordre incroyablement musclé, badgée, aseptisée, triée, la plus grande fête du cinéma au monde a éteint ses lampions pour allumer les spots d'une foire à l'image où télévisions et nouveaux médias se disputent les restes d'une gloire enfuie (voir le conflit de ces derniers jours sur les droits de diffusion des images de la montée des marches). «Il fallait venir il y a vingt-cinq ans», racontent les habitués qui, alors, se battaient pour faire partie du décor. «C'est simple, le soir, vers 5 heures, quand on avait fini de travailler, on appelait Kirk Douglas et on allait faire une pétanque sur la Croisette», se souvient Irène Bolling, à l'époque l'envoyée spéciale de Paris Match.

Même écho chez Nicole Cornuz- Langlois qui, oeuvrant pour France 2, n'a rien oublié du temps béni où Maurice Tinchant, producteur et joyeux drille, réunissait dans un jardin, derrière le vieux palais, le «Tout- Septième art». L'argent ne coulait pas à flots ; les rires, si. Acteurs, réalisateurs, journalistes, badauds et passionnés y creusaient dans la pelouse des barbecues improvisés.

Aujourd'hui, tout est cadenassé et l'on ne voit des stars que l'arrière des limousines à vitres fumées qui les déposent au pied de marches où l'on ne rit plus guère. Une fois la séance passée, les mêmes autos fendent la foule du vulgaire pour rechercher leurs précieux clients qu'ils déposent loin de tout ce bruit à l'Eden Roc, dans une villa ou, fissa, à l'aéroport car, hors « promo », on ne s'attarde guère. A l'époque, on croisait tout le monde partout. Tôt le matin, on pouvait, près du Carlton, apercevoir Anouk Aimée sortant d'une fête, son teint pâli redevenant sublime dès qu'elle mettait un pied sur le plateau de Jean-Dominique Bauby. Dans la journée, c'était Bardot descendant d'une 2 CV pour aller déjeuner avec Jacques Charrier à La Maison des Pêcheurs, un restaurant d'Antibes aujourd'hui remplacé par un hôtel de luxe. Tandis que le soleil s'égaillait dans les collines, on aimait le rire de gorge de Sophia Loren au Martinez où descendaient les Italiens, on entendait Nicholson refaire le monde avec Bob Rafelson à la terrasse du Carlton, on buvait avec Pialat, Depardieu et Sandrine Bonnaire à la santé duSoleil de Satan au Majestic, et l'on découvrait, sur la plage, en même temps que José Artur, le maillot de bain de Jean- Paul Sartre habité par le philosophe. Le soir, on voyait Lynch faire sa loi sur une plage où l'on projetait des extraits de son film, tandis qu'un peu plus loin Bruce Willis et Demi Moore faisaient encore semblant de s'embrasser. Parodiant avec quelques années d'avance Barack Obama, premier acteur de la vie politique américaine, chacun goûtait au «Yes, we Cannes !».

A présent, selon Anne de Gasperi, critique et amoureuse de la manifestation depuis trente-cinq ans, «avec le remplacement du vieux palais par le «bunker , ce centre de congrès international, le Festival est devenu mégalomane, même si la joie de découvrir un film est une drogue délicieuse et puissante que seul ce festival peut offrir. Mais la situation économique générale et la course au profit ont tué les critiques dont l'avis ne rapportait rien, les journaux dépendant de la manne publicitaire.»Vrai et faux. Où, ailleurs qu'à Cannes, peut-on voir justement s'écharper des critiques, par journaux interposés, sur tel plan-séquence d'un film coréen de trois heures ? En fait, le Festival est devenu un peu schizophrène, proposant à la fois des sélections de films ultrapointus qui feront peu d'entrées en salles et des défilés d'étoiles aussi filantes qu'inaccessibles. Restera toujours le souvenir de certains bonheurs incroyables de jadis : marcher sur la Croisette et tomber sur Burt Lancaster ou assister, sur la terrasse de l'ancien palais, à l'interview de Visconti. Il est midi et, sous un soleil de plomb, le journaliste lui demande : «Que pensez-vous de la société ?» Alors, sans bouger, celui qui est venu présenter Mort à Venise répond, immortel :«Où voyez-vous une société ?».

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