A la TV - Il était une fois Le Mépris
Jeudi 21 mai 2009 - 21:35 - France 5
Rediffusion Dimanche 31 mai - 08:55 - France 5
Documentaire - UN FILM ET SON EPOQUE
IL ETAIT UNE FOIS ... LE MEPRIS
Durée : 52 min
Série documentaire de Serge July et Marie Genin, coproduite par Folamour / TCM / INA, avec la participation de France 5, de la TSR et de YLE Teema, et le soutien du CNC. Episode écrit par Antoine de Gaudemar, Serge July et Marie Genin et réalisé par Antoine de Gaudemar. Durée : 52'. 2009.
Synopsis: Cette série documentaire se propose d'aborder, dans chacun de ses volets, un film emblématique d'une époque, d'une société... Jean-Luc Godard tourne "Le Mépris" en 1963. Portrait d'un film: Brigitte Bardot, qui est alors l'une des icônes mondiales de la liberté, partage la vedette avec Fritz Lang qui joue son propre rôle, celui d'un créateur du cinéma. Le film entremêle deux ruptures : celle d'une jeune femme avec son mari scénariste et celle du cinéaste allemand avec son producteur américain. Portrait d'une époque : tandis que la télévision déferle, le nombre de films diminue, les salles ferment et le cinéma traverse une crise existentielle qui oppose cinéma commercial et cinéma d'auteur. Le début des années 60 est le seul moment du siècle où Hollywood n'est pas dominant. Pour Jean-Luc Godard, c'est la fin d'un cinéma qu'il a passionnément aimé. Portrait d'un cinéaste : le couple que le visionnaire de la Nouvelle Vague forme avec Anna Karina va de crise en crise : celles-ci inspirent l'enchaînement du "Mépris" qui mène du malentendu à la rupture.Ce documentaire est diffusé dans le cadre du Festival de Cannes qui se déroule du 13 au 24 mai 2009.(Programme sous-titré par télétexte pour les sourds et les malentendants)
Article de France 5
Adapté d'un roman d'Alberto Moravia, Le Mépris de Jean-Luc Godard sort en salles à Paris le 27 décembre 1963. Images d'archives et entretiens avec ceux qui ont contribué à la création de ce chef-d'œuvre apportent un éclairage précis sur l'atmosphère du tournage.
« La seule chose dont je me souviens, c'est que je me disais : je ne sais pas ce que c'est que le mépris, et après le film je n'en savais pas plus, et aujourd'hui je ne sais toujours pas », avoue Jean-Luc Godard. Visionnaire de la « nouvelle vague », célébré pour son fameux A bout de souffle, le cinéaste a 33 ans lorsqu'il tourne Le Mépris, sa première superproduction en CinémaScope. L'intrigue ? Paul Javal, un scénariste (Michel Piccoli), et sa sublime femme, Camille (Brigitte Bardot), rejoignent Fritz Lang (dans son propre rôle) en Italie pour une adaptation de L'Odyssée. Artisan du cinéma de la grande époque hollywoodienne, le réalisateur de Metropolis se laisse idéaliser dans cette histoire « comme le créateur absolu ». Mécontent du travail de Fritz Lang, le producteur hollywoodien Jeremy Prokosch (Jack Palance) suggère à Paul de modifier le scénario. Convaincue que son mari la pousse dans les bras de Prokosch, Camille se met à le détester... Pour asseoir cet opéra romantique qui mène du malentendu à la rupture, Jean-Luc Godard choisit l'architecture futuriste de la villa Malaparte, à Capri, et les couleurs de la Méditerranée. Signée Georges Delerue, la musique répétitive donne une dimension obsédante et désespérée au long-métrage.
Incontournable Bardot
Fasciné par le réalisme du film de 1956 de Roger Vadim, Et Dieu créa… la femme, Jean-Luc Godard fait appel à Brigitte Bardot, qui n'a alors que 29 ans. Mais la renommée de l'actrice est déjà bel et bien internationale. En tête d'affiche, elle permet au film d'être financé confortablement et d'apporter une caution à la production. Traquée par les paparazzis italiens, Brigitte Bardot fait l'objet sur le tournage d'une pression médiatique sans précédent. En parallèle, la star du cinéma français découvre les méthodes de travail particulières de Jean-Luc Godard, parmi lesquelles l'improvisation. « Brigitte était muette, mais extrêmement attentive, extrêmement précise, extrêmement disciplinée, et extrêmement sans doute fascinée par Godard, mais Godard ne l'encombrait pas d'explications psychologiques, philosophiques ou personnelles », se rappelle Michel Piccoli. « Elle faisait assez docilement ce que Godard lui demandait », explique Charles Bitsch, assistant réalisateur sur le film.
Jean-Luc Godard s'inspire alors de sa relation avec l'actrice danoise Anna Karina. « On est arrivé, moi, à me "godardiser", et elle [Brigitte Bardot] sans doute à se "karinéaïser" », confie Michel Piccoli.
Un reflet de soi
La lenteur du tournage oblige à trouver une solution pour combler le retard. Jean-Luc Godard décide de faire des scènes très longues en intérieur. Il remplit ce qu'il appelle « les passages à vide pour que personne n'y voie rien ». Il n'hésite pas à faire une mémorable scène de ménage de trente-quatre minutes ! « Voyant les rushes, les producteurs disaient : "Mais il ne se passe rien avec cette Brigitte Bardot, le sex-symbol de la planète ! Ils ne peuvent pas s'embrasser, coucher ensemble ?" » s'amuse Michel Piccoli. Jean-Luc Godard ajoute des scènes pudiques en cohérence avec son projet : « ll fallait faire du métrage de nu. » Quand il repense au Mépris et à son esthétisme soigné, il ne cache pas son envie d'avoir voulu « montrer des garçons et des filles qui, lorsqu'ils verraient le film, se verraient eux-mêmes et au monde ».
> Source web: article sur wiki.france5.fr