Et Dieu créa la femme
Secrets de tournage ...
... et anecdotes
Bardot - Vadim : première!
Mariée à l'époque avec Roger Vadim, Brigitte Bardot tourna plusieurs autres films sous sa direction malgré leur divorce en 1957 : Les Bijoutiers du clair de lune (1957), La bride sur le cou (1961), Le Repos du guerrier (1962), Histoires extraordinaires (1968) et Don Juan 73 (1973).
Un succès à retardement
Lors de sa première sortie sur les écrans français en novembre 1956, le film fit un véritable flop: il ne fut pas vraiment remarqué par le public, à part quelques manifestations vertueuses. Quand aux critiques, ils reprochaient la facilité du sujet et le choix des acteurs,
hormis Curd Jurgens et jugeait Bardot sans indulgence, trouvant qu’elle
avait le verbe traînant et l’articulation douteuse. Le critique littéraire Paul
Reboux alla même jusqu'à déclarer que B.B. avait le physique d’une boniche et la façon de
parler des illettrés !
Il a fallut attendre sa sortie en Angleterre et surtout aux Etats-Unis l'année suivante (en 1957) pour qu'enfin Brigitte Bardot déchaîne les passions et que la France décide de remettre le film à l'affiche. Il faut dire qu'à l'époque, l'outre-Atlantique était encore ancrée dans un puritanisme tenace et les tentatives d'interdire le film attirèrent le public américain qui en fit un véritable succès. Les instances catholiques de Lake Placid tentèrent notamment d'acheter
tous les billets du cinéma exploitant et menacèrent d'excommunication
quiconque verrait le film. Les ligues de vertu se déchaînent contre Brigitte et la nomment "la
créature de Satan". A Philadelphie, deux directeurs de salles de cinéma
sont arrêtés pour avoir projetés le film qui est même banni à Dallas. Comme une bombe à retardement, la "Bardot mania" fut ainsi d'abord un phénomène américain avant de débarquer en France.
Et Dieu créa la femme lanca les carrières de Brigitte Bardot comme
actrice, de Roger Vadim comme metteur en scène et de Raoul Lévy comme
producteur.
Roger Vadim expliqua: "Et Dieu créa la femme était un échange de bon procédé: je suis
devenu célèbre comme metteur en scène, Brigitte est vraiment devenue
vedette internationale à travers ce film et c'était un échange qui nous
a aidé tous les deux."
Brigitte raconta: "Le film ne pouvait être fait qu'en noir et blanc car
nous étions tous les trois des ringards et qu'aucun distributeur de
voulait mettre un sous. Alors Vadim et Lévy ont eu l'idée de proposer
un rôle à Curd Jurgens, qui a accepté. Il a dit: 'ce film est le film de
Brigitte Bardot, elle y est remarquable et je tiens à ce que son nom
soit placé au dessus du titre avec moi sur l'affiche'".
Et Vadim créa Satan
Bardot devient un objet de scandale pour la sensualité sulfureuse qu'elle dégageait. À l’Exposition Universelle de Bruxelles en 1958, le Pavillon du Vatican avait réservé une salle aux saints, au Bien, aux miracles, alors qu’une autre était dédiée aux méfaits du Mal, du démon, de la luxure et de l’enfer. Dans cette dernière, une photo de B.B. dansant le mambo endiablé de "Et Dieu créa la femme" représentait le vice sous toutes ses formes. L’image et la vie de l’actrice étaient associées au scandale, à l’immoralité, au péché de chair, au symbole de la dépravation.
Juliette inspirée de Brigitte ?
Dans Et Dieu créa la femme, Bardot incarne Juliette Hardy, une jeune fille libérée de tout sentiment de culpabilité, qui danse le mambo de manière épicée et ne pense qu’à aimer les hommes. Assimilée à son personnage, la jeune actrice de 22 ans devient l’emblème de l’émancipation des femmes, de la libération sexuelle et de la beauté provocante et assumée. Le phénomène Bardot est en marche !
Roger Vadim déclara qu'il voulait "à travers Brigitte, restituer le climat
d'une époque, Juliette est une fille de son temps, qui s'est affranchie
de tout sentiment de culpabilité, de tout tabou imposé par la société,
et dont la sexualité est entièrement libre. Dans la littérature et les
films d'avant-guerre, on l'aurait assimilée à une prostituée. C'est
dans ce film, une très jeune femme, généreuse, parfois désaxée, et
finalement insaisissable, qui n'a d'autre excuse que sa générosité."
Vadim: "Et Dieu créa la femme, est celui de mes films que je préfère,
celui où j’ai été le plus libre de raconter ce qui me tenait à coeur.
J’attribue son succès au personnage de Brigitte, physique d’abord, puis
son rôle qui lui a permis de montrer ce qu’elle avait d’angoisse, de
dynamisme, de confiance, totalement libre dans son comportement sexuel.
Je n’ai jamais voulu peindre la jeune fille de 1956, mais ce personnage
d’exception n’aurait pu exister à une autre époque."
Autre point de similitude: l'amour de Juliette pour les animaux.
Dans le film, elle possède un chaton, mais aussi un oiseau et un lapin, qu'elle veut libérer dans la nature, pensant partir avec Antoine mais celui-ci lui ayant menti, Juliette va devoir rentrer chez ses tuteurs: l'oiseau s'est envolé de sa cage ouverte et le lapin court dans le champs!
On la voit aussi caresser un chien pendant qu'elle attend la transaction des Tardieu avec Carradine, sur le port.
Jean-Louis Trintignant est Michel Tardieu
Dans une interview télévisée accordée en 1971, Jean-Louis Trintignant déclarait: "Je ne méritais pas (que la presse parle de sa prestation) parce que je n'étais pas bon dans le film. Ils ont parlé de moi pour des mauvaises raisons certainement."
Partenaire de Brigitte Bardot, dans le film puis à la ville, il est devenu le jeune premier dont on parlait beaucoup à l'époque, mais Trintignant affirma: "ça ne me faisait pas plaisir du tout, je n'ai mis aucune complaisance là-dedans. Il n'y a jamais eu une photo de nous qui a été prise comme ça, les photos parues ont été des photos du film. Mais jamais on s'est prêté à ce scandale, à cette publicité, jamais."
Les frères Tardieu
Le frère aîné, Antoine Tardieu, est interprété par Christian Marquand. Le frère cadet, Michel, est incarné par Jean-Louis Trintignant. Quand au petit dernier, Christian, c'est Georges Poujouly qui l'interprète.
En 1967, Jean-Louis Trintignant épouse Nadine Marquand (devenue aujourd'hui Nadine Trintignant), qui n'est autre que la soeur de Christian Marquand. Ainsi, les deux frères sur écran, sont devenus beaux-frères à la ville. Après une filmographie plutôt riche et quelques succès (Les Parisiennes et Le jour le plus long en 1962, Apocalypse Now en 1979, Le choix des armes en 1981), Christian Marquand ne tournait plus dans les années 1990, il est décédé à l'âge de 73 ans en 2000.
Georges Poujouly interprète le plus jeune frère: âgée de seize ans lors du tournage du film, son visage n'est pas inconnu: il interpréta en effet le rôle du petit Michel, douze ans à l'époque, dans le film à succès, devenu un classique, Jeux Interdits, au côté de Brigitte Fossey qui avait six ans, en 1952. Il joua aussi un petit rôle, celui d'un élève, dans Les Diaboliques de Clouzot en 1955. N'ayant pas vraiment réussi à faire carrière une fois adulte, il s'essaya aux doublages. Il est décédé d'un cancer à l'âge de 60 ans en 2000.
Le clin d'oeil de Vadim
Façon Alfred Hitchcock qui a toujours fait une brève apparition dans chacun de ses films, comme une signature visuelle, Roger Vadim apparaît brièvement dans Et Dieu créa la femme: on l'aperçoit dans le bus, assis au côté de Christian Marquand, et regardant Juliette qui attend seule sur la route: "Mais que fait Juliette à cette heure-ci ?".
Le remake américain
En 1988, le film version US est tourné, toujours sous la direction de Roger Vadim ! Avec, dans le rôle de Brigitte Bardot (qui ne s'appelle plus Juliette mais Robin), l'actrice Rebecca de Mornay. Le film fit un véritable flop lors de sa sortie, et aujourd'hui encore, plus personne ne s'en souvient ! L'histoire est d'ailleurs complètement différente, à l'exception près que Robin use de ses charmes pour conquérir des hommes et se servir d'eux. Les critiques diront d'ailleurs que les seuls points communs entre les deux films sont le titre, et le réalisateur.
>> Sources web:
- le sites allocine
- le blog boomer-cafe
- Sur l'Ina: interviews de Brigitte Bardot et de Jean-Louis Trintignant
- Le remake US sur imdb